Voltaire
François-Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778), est né à Paris d'un père notaire au Châtelet. Élève des jésuites, il fait de brillantes études au Collège Louis-le-Grand où il se lie d'amitié avec la jeunesse dorée de l'époque. Il fréquente les salons mondains et les milieux libertins où son esprit vif et sa langue bien pendue font fureur et lui valent quelques déboires. Un pamphlet contre le Régent le conduit à la Bastille pendant près d'un an. Il y retourne à cause d'un bon mot contre le chevalier de Rohan et doit s'exiler en Angleterre, de 1726 à 1728. Il découvre les œuvres de Shakespeare, les philosophes comme Locke, la science de Newton, et surtout les principes politiques de la liberté individuelle et de la monarchie parlementaire. De cette expérience, il tire les Lettres anglaises, ou Lettres philosophiques.
C'est en 1733 que Voltaire rencontre Madame Du Châtelet, femme de science et esprit brillant chez qui il s'installe au château de Cirey. Il partage sa vie plusieurs années et entretient avec elle une intense collaboration intellectuelle. De 1744 à 1753, Voltaire séjourne dans diverses cours européennes : d'abord Versailles, puis Luneville, chez le roi de Pologne, enfin Berlin, à la cour de Frédéric II. Puis il se retire ensuite en Suisse, aux Délices, près de Genève, et se fixe enfin à Ferney. C'est là qu'il met en pratique les principes des physiocrates, en y développant l'agriculture et le commerce : "un repaire de quarante sauvages est devenu une petite ville opulente habitée par mille deux cents personnes utiles", se félicite-t-il. Toute sa vie, Voltaire est menacé par les puissants qu'il fréquente et cherche à se mettre à l'abri du besoin. Il est un homme d'affaires avisé, qui investit pour préserver son indépendance.
Voltaire écrivain touche à tous les genres littéraires. Il s'est d'abord imposé dans les genres nobles que sont la tragédie et la poésie. Dès l'âge de 24 ans, il connaît son premier succès, avec Œdipe, et prend alors le pseudonyme de Voltaire. Il triomphe avec Zaïre (1732) et devient célèbre dans toute l'Europe. Voltaire se fait historien, avec la Henriade (1717), une épopée en vers à la gloire d'Henri IV, ou l'Histoire de Charles XII (1731) puis, nommé historiographe du roi, avec le Siècle de Louis XIV (1751). C'est pour distraire des hôtes illustres que Voltaire, à cinquante ans passés, se lance dans le conte philosophique, genre très prisé au XVIIIe siècle. L'Ingénu, Candide ou Micromégas, ses contes et romans sont aujourd'hui ses œuvres les plus connues. Elles n'étaient pour l'auteur qu'un agréable dérivatif à ses nobles compositions. Leur succès le déroute lui-même : "Queste coglionerie se vendent mieux qu'un bon ouvrage."
Pamphlétaire redouté, Voltaire s'engage personnellement au service de grandes causes comme la tolérance ou la liberté d'expression. Il lutte contre les persécutions religieuses que subissent, parmi d'autres, le chevalier de la Barre ou cette "malheureuse famille Calas", pour laquelle il prend fait et cause. Son combat contre le fanatisme marque les esprits avec la célèbre formule "Écrasez l’Infâme", qui désigne aussi bien les catholiques que les protestants.
Voltaire poursuit, à travers toute l'Europe et jusqu'en Amérique, une correspondance dont on a retrouvé plus de 24 000 lettres.
Il meurt en 1778, à l'âge de quatre-vingt-quatre ans, peu après son retour à Paris et la représentation triomphale d'Irène, sa dernière tragédie. Enterré en catimini à cause de son anti-cléricalisme, son corps est transféré au Panthéon après la Révolution française, en 1791.
Resté célèbre pour son esprit critique, sa plume acérée et son engagement, Voltaire incarne, le premier, le modèle de l'intellectuel engagé, figure vouée à une belle postérité.
Genèse de Candide
Voltaire commence à rédiger Candide à Lausanne, en décembre 1757 et janvier 1758. Le plan général du conte est déjà bien arrêté dans son esprit. Tous les événements qui l'ont préoccupé pendant un an, du tremblement de terre de Lisbonne à la guerre en Europe et dans les colonies, figurent dans la trame du récit.
C'est durant l'été 1758, lors de son séjour en Allemagne, à Schwetzingen, chez l'électeur palatin Charles-Théodore, que Voltaire fait mettre au net, par son secrétaire Jean-Louis Wagnière, les chapitres déjà rédigés qu'il lit à son hôte. L'écrivain reprend le conte en août et l'achève en octobre, alors qu'il s'est définitivement fixé aux Délices, près de Genève, en trois jours de travail acharné, selon l'anecdote rapportée par Perey et Maugras dans La Vie intime de Voltaire.
Le manuscrit que l'écrivain envoie à son ami le duc de La Vallière est une copie de la main de son secrétaire Wagnière qui porte des corrections autographes de Voltaire. C'est ce manuscrit, aujourd'hui conservé à la bibliothèque de l'Arsenal sous la cote ms 3160, que l'application synchronise avec le texte. Il offre plusieurs versions du chapitre parisien, trouvé faible, et l'épisode du nègre de Surinam en est absent. Ce n'est pas le dernier état du texte. Voltaire a encore retouché le conte avant de le livrer à ses imprimeurs de Genève, les frères Cramer. De concert avec eux, il donne à la publication de Candide, selon l'expression de René Pomeau, une "dimension européenne", envoyant des exemplaires à Paris et Amsterdam dès janvier 1759. D'autres éditions sont tirées à Lyon, Avignon, Paris, Liège, Londres où deux traductions en anglais paraissent en même temps. Candide, publié sous pseudonyme et sans autorisation, est ainsi mis en vente de manière simultanée dans des villes très distantes les unes des autres, pour mieux dérouter les contrôles de la police. Malgré l’interdiction de l’ouvrage, prononcée dans plusieurs pays, le succès est total : rien que pour l'année 1759, on dénombre 17 éditions de Candide.
En 1761, Voltaire donnera une édition légèrement modifiée, notamment au chapitre 22 dont la BnF conserve également le brouillon, qui constitue le texte définitif.
L'écriture du conte
Voltaire précise par le sous-titre de Candide sa référence générique : un "conte philosophique". L’association des deux termes n’a rien d’évident au regard de la tradition littéraire associée au conte. En effet, le conte est d’abord défini comme le récit de faits réels puis, à partir du XIIIe siècle, comme le récit d’aventures imaginaires destinées à distraire. Au XVIe siècle, il désignera des histoires invraisemblables ou mensongères. Il s’inspire d’une part de la tradition médiévale française qui fait la part belle aux fées, aux sorciers, aux enchanteurs qui animent notamment les contes bretons ; et d’autre part des contes italiens issus des novas provençales. Boccace illustrera le genre ; Marguerite de Navarre le fera évoluer vers le roman historique et sentimental dans une visée morale. Le conte de fées réactive le genre à la fin du XVIIe siècle sous l’influence de Perrault et de la traduction des contes des Mille et une nuits par Galland en 1702.
Néanmoins, aux XVIIe et XVIIIe siècles, le roman et la nouvelle s’imposent peu à peu au détriment du conte. Les histoires tragiques portées par les horreurs du temps occupent désormais le devant de la scène littéraire. Le roman sentimental laisse la priorité à la sensibilité. Le roman picaresque met en scène un picaro désargenté occupé à survivre et à raconter ses déconvenues pour en extraire une philosophie de l’existence. Le roman d’apprentissage insiste sur la notion d’exemplarité du parcours et du récit. Le roman parodique, dont le Roman comique de Scarron est un exemple (1651), récupère les épisodes habituels des romans pour les déconstruire.
Voltaire va s’inspirer de ces genres pour écrire Candide puisque se retrouvent, au détour des aventures, le thème de l’amour retardé entre Candide et Cunégonde – un stéréotype du roman sentimental –, la figure du picaro que revêt le héros ou Cacambo aux prises avec une réalité hostile, tandis que, en toile de fond, les peuples se déchirent et les morts s’accumulent, conformément à la trame des histoires tragiques. De toutes ces influences, c’est sans doute celle du roman comique ou parodique qui se distingue le plus. Voltaire reprend, détourne et s’amuse avec les genres, récupère les motifs narratifs pour les pousser au bout de leur logique et conduire à une déconstruction qui concerne tout autant les genres littéraires qu’une société victime de ses incohérences. Idéologiquement, le roman et le conte, si enclins à l’imagination, sont bien éloignés des préoccupations de Voltaire, attaché à la rigueur du raisonnement philosophique, même s’il révèle très vite une disposition naturelle à la satire. Peu à peu, le projet s’affine et le conte devient pour Voltaire, par la distance fictionnelle qu’il instaure, le moyen d’inviter le lecteur à suivre ce dialogue et d’interroger le monde. Selon l’auteur, le conte prend ses distances avec la définition donnée par l’Encyclopédie en 1754 : "Un récit fabuleux, en prose ou en vers, dont le mérite principal consiste dans la variété et la vérité des peintures, la finesse et la plaisanterie, la vivacité et la convenance… Son but est moins d’instruire que d’amuser." L’ironie sera une alliée déterminante dans le projet de l’auteur. Au-delà de la fiction et des outrances apparentes, Candide entretient des liens étroits avec l’actualité de l’époque : les références historiques, bien que détournées, sont fréquentes, et le texte laisse clairement transparaître les égarements du siècle et les indignations de l’auteur. L’esclave du Surinam, la situation des femmes, les combats meurtriers, l’Inquisition rapprochent paradoxalement le conte de la chronique, dans le sens historique du terme.
L’originalité de Voltaire réside dans le recours à l’ironie qui confère au conte une densité et une richesse d’interprétation participant pleinement à sa pérennité. L’ironie fait sortir Candide du contexte strictement littéraire par la critique sociale qui s’y inscrit : la fiction pour Voltaire est un chemin privilégié pour donner à voir la société dans ses goûts et ses usages. L’écrivain use des deux dimensions de l’ironie : concept philosophique et figure de style. Le texte est un défi lancé au lecteur qui est sans cesse interpellé, sollicité et dérangé. Le décalage de l’écriture par la satire, les formulations ou les images inattendues invitent à une mise en perspective du récit, et conduisent le lecteur à prendre ses distances. L’ironie opère comme une arme plus ou moins secrète qui permet de faire passer nombre de concepts : critique de la guerre, de la religion mal comprise, des philosophies qui s’égarent, du colonialisme, interrogation sur le mal.
La réception de l'oeuvre et sa modernité
Au-delà de la légèreté apparente de son héros, Candide traverse les siècles et, loin de s’essouffler, son rayonnement semble s’affirmer à travers les frontières et les cultures. L’universalité du conte se construit sur des thèmes qui restent d’actualité comme le mal, la religion, la guerre, la place des femmes, mais aussi sur un ton qui s’écarte du moralisme pour atteindre son public par un rire grinçant. Ce sont également l’exigence de la quête de soi, le voyage initiatique, la recherche du bonheur qui rencontrent un écho toujours renouvelé.
Dès sa publication à Genève, en 1759, alors que le texte est interdit le 25 février en France et le 26 en Suisse, 6 000 exemplaires sont déjà vendus et cinq éditions tirées : le conte est réimprimé 20 fois en 1759. Les premières traductions, en italien et en anglais, se développent rapidement pour atteindre le nombre de dix-sept pour la seule année 1759, ce qui souligne l’importance de Candide dans la diffusion des idéaux des Lumières. Elles sont conservées aujourd’hui au Taylor Institute d'Oxford.
Candide adapté à la scène
Les premières adaptations scéniques datent des années 1780, celles-ci sont néanmoins partielles et ne retiennent du conte que l’amusante fantaisie. C’est le cas par exemple du Roi Théodore à Venise, opéra héroï-comique en quatre actes de Giovanni Paisiello, représenté à Bruxelles en 1786. Les adaptations se poursuivront au fil du XIXe siècle. En 1923, Firmin Gémier, au Théâtre de l’Odéon, restitue au conte sa portée philosophique et le transforme en texte du répertoire. En 1944, Jean Tardieu présente une adaptation radiophonique de Candide, rediffusée en 1946 et publiée en 1975. En 1956, Leonard Bernstein met en scène Candide à Broadway sous la forme d’une opérette, revisitée cinquante ans plus tard en 2006 par Robert Carsen au théâtre du Châtelet. Serge Ganzl l’adapte en 1978, Vincent Colin fait de même en 1995. Au cinéma, Norbert Carbonnaux réalise en 1960 un film inspiré du conte, en le transposant pendant la Seconde Guerre mondiale. En 2008 et 2010, Gorian Delpature et Michel Dufranne adaptent le texte en bande dessinée, deux volumes publiés aux éditions Delcourt.
Le succès se remarque aussi à travers les réécritures, parodies et autres détournements. Les reprises théâtrales du XIXe siècle en sont déjà proches, le Répertoire des pastiches et parodies littéraires en dénombre près de 23, parmi lesquels Le Jardin de Candide de René Puaux (Malfère, 1933) entre pastiche et suite, Le Dernier Voyage de Candide de Georges Duhamel (Fernand Sorlot, 1938) qui dénonce le totalitarisme, les Nouvelles aventures de Candide ou la révolte de l’être par Laurent Degos (éditions Le Pommier, 1999) qui transposent le texte original dans le monde moderne.
Un classique de la littérature
Les éditions et rééditions sont constantes, en particulier dans le format scolaire, tant le conte semble devenu classique ou son auteur intégré dans un processus de classicisation, à différents niveaux de l’enseignement, y compris pour les professeurs : en 2009, le Dictionnaire philosophique figurait pour la troisième fois au programme de l’agrégation. La question se pose également au-delà des frontières puisque Candide est emblématique de la littérature française aux États-Unis et très présent, à travers ses traductions, en Grande-Bretagne, en Amérique du Sud ou encore au Japon.
En 2009, la célébration des 250 ans de la publication de Candide a donné lieu à des événements majeurs. En septembre, des chercheurs du monde entier se sont rassemblés à Oxford (Angleterre) lors d’un colloque intitulé "Les 250 ans de Candide. Lectures et relectures" organisé par la Maison française d’Oxford et la Voltaire Foundation. Les communications ont souligné l’actualité du conte par les thèmes abordés et un second degré qui interpelle le public. Le 6 décembre, la Société Voltaire a organisé à la BnF la journée Candide 250 associant chorégraphie, dessins, créations vidéo réalisées par les étudiants de l’École nationale supérieure des arts décoratifs dont le numéro 9 des Cahiers Voltaire (2010) rend compte. Enfin, d’octobre 2009 à avril 2010, la Bibliothèque publique de New-York a proposé une exposition interactive célébrant les 250 ans de Candide intitulée "On the road with Candide."
Voltaire à la BnF
Des œuvres prestigieuses de Voltaire conservées à la Réserve des Livres rares de la Bibliothèque nationale de France, la plus célèbre est sans doute l'édition des Œuvres complètes, dite de Kehl, 1785-1789, exemplaire de la seconde impression, sur papier vélin satiné à grandes marges, dont les 70 volumes furent offerts à la Bibliothèque en feuilles par son enthousiaste éditeur, Beaumarchais, le 2 juillet 1791. Placés dans un coffre porté par des hommes vêtus à l'antique, ils firent partie du cortège pour la translation des cendres de Voltaire au Panthéon, le 11 juillet 1791, au même titre que la statue de Voltaire dans un fauteuil (le "Voltaire assis") de Houdon et qu'un modèle réduit de la Bastille. Les volumes furent ensuite reliés en maroquin rouge à grains longs par Bradel-Derôme, aux armes royales. Une lettre de l'auteur du Mariage de Figaro à l'abbé Des Aulnays, garde des imprimés de la Bibliothèque royale, annonce ce don, symbolique du revirement de la Nation à l'égard du "vieux philosophe de Ferney", si longtemps tenu à l'écart : "La Nation rend à Voltaire les honneurs que le despotisme et le fanatisme lui refusèrent [...] Cette collection des fruits d'un immortel génie aura sa place à la translation de Voltaire devant les gens de lettres, ses disciples et ses enfants. C'est de là qu'elle sera portée à la Bibliothèque Nationale. En présentant, Monsieur, cet exemplaire à mes concitoyens, je ne suis que l'écho du vœu que le grand homme en eût formé lui-même, s'il eût été présent aux honneurs mérités que la Nation et son siècle lui rendent."
Ainsi Voltaire entra-t-il enfin glorieusement à la Bibliothèque. Historiographe du Roi, membre de l'Académie française, le philosophe qui incarna entre tous le siècle des Lumières n'avait guère eu droit d'asile dans la cité des livres, si ce n'est grâce au dépôt légal, pour ses œuvres bénéficiant d'un Privilège ou d'une Permission tacite, et, parfois grâce aux confiscations, aux saisies des ouvrages clandestins, ou encore par les dons et achats de bibliothèques de grands personnages ouverts aux idées nouvelles. Certains de ces bibliophiles furent ses amis ou ses protecteurs, tels le comte d'Argenson auquel il envoya de Potsdam, en 1752, une copie de son Histoire de la guerre de 1741 et le duc de La Vallière, qui reçut une copie de Candide, dictée et abondamment corrigée et amplifiée, seul exemple d'un manuscrit complet travaillé par Voltaire. Leurs deux collections sont à l'origine de la Bibliothèque de l'Arsenal, département de la Bibliothèque nationale depuis 1935.
Pendant son séjour à Cirey avec Madame Du Châtelet, Voltaire avait obtenu de la Bibliothèque royale l'autorisation d'emprunter des livres, nécessaires à ses recherches pour les Lettres philosophiques puis pour ses ouvrages historiques – ce dont témoignent les registres de prêt des imprimés et sa correspondance. Il parvint même à se faire envoyer des livres à Ferney. Une telle libéralité l'incita à consacrer, dans l'article "Bibliothèque" des Questions sur l'Encyclopédie, quelques lignes élogieuses à cette noble institution : "La bibliothèque publique du roi à Paris est la plus belle du monde entier, moins encore par le nombre et la rareté des volumes que par la facilité et la politesse avec laquelle les bibliothécaires les prêtent à tous les savants. Cette bibliothèque est sans contredit le monument le plus précieux qui soit en France". Toutefois, Voltaire n'envisagea pas de donner ou de léguer tout ou partie de sa production, imprimée ou manuscrite, alors même qu'il avait des fonctions officielles à la cour. Certes, les dons de papiers d'écrivains contemporains étaient rares au XVIIIe siècle, mais Madame Du Châtelet n'avait-elle pas légué à la Bibliothèque royale deux de ses manuscrits et les lettres de Maupertuis ? Il se contenta, quant à lui, d'offrir, en août 1761, un manuscrit traduit du sanscrit, l'Ezour-Védam, ou ancien commentaire du Védam qu'un officier de la compagnie des Indes avait rapporté de Pondichéry. Le philosophe crut puiser là aux sources les plus anciennes de sa conception d'un déisme naturel et le cita dans plusieurs de ses œuvres, en annonçant modestement, dans La Philosophie de l'histoire, qu'un "hasard heureux a procuré à la bibliothèque de Paris un ancien livre des brames". Était-ce pour lui son cheval de Troie dans la forteresse royale ? On sait maintenant que le texte a vraisemblablement été écrit au début du XVIIIe siècle, par un jésuite en mal de conversion des populations hindoues...
À Ferney, le Patriarche, éloigné de Paris depuis 1750, devenait le point de mire de l'Europe entière et le correspondant des souverains éclairés. Ses combats incessants contre "l'infâme", inquiétaient la monarchie. En juin 1774, on le disait mourant. La disparition prochaine de celui qui signait volontiers "le vieux malade de Ferney" incita le gouvernement à mettre en place toute une procédure pour éviter la dispersion des manuscrits subversifs de Voltaire. Une instruction de Louis XVI enjoignait aux parents et héritiers de laisser le subdélégué de la province de Bourgogne faire un inventaire des papiers et d'en confisquer certains, le cas échéant. Une fois de plus Voltaire ressuscita et ses papiers restèrent à Ferney. À son retour à Paris, au lendemain de son "couronnement" à la Comédie-Française, il se rendit, le 30 mars 1778, dans les bâtiments de la Bibliothèque royale, rue de Richelieu, mais ce fut uniquement pour la célèbre séance de pose dans l'atelier du sculpteur Houdon, installé là depuis 1777, qui réalisa le dernier portrait sur le vif du philosophe.
Deux mois plus tard, le 30 mai 1778, la mort rendait Voltaire à la clandestinité, au refus de sépulture religieuse, à la chape de plomb jetée sur son œuvre. Catherine II put négocier dès la fin de 1778 avec les héritiers l'achat de la bibliothèque et des papiers restés à Ferney. Installé hors les murs, à Kehl, en 1779, avec le matériel d'imprimerie de sa "Société littéraire typographique", Beaumarchais ne s'en heurta pas moins aux obstacles qu'opposaient le clergé et le gouvernement à la première édition posthume des Œuvres complètes, basée sur les manuscrits et matériaux rachetés à Charles-Joseph Panckoucke. Ce dernier, éditeur avisé, avait su séduire Voltaire et récupérer en les faisant prospérer diverses entreprises éditoriales, autour d'une œuvre au succès grandissant. Avec Panckoucke et Beaumarchais, était né le phénomène Voltaire, si manifeste dans les fonds imprimés de la Bibliothèque nationale de France.
Car Voltaire est présent d'abord par l'abondance de sa production imprimée, qui le place largement au premier rang des écrivains de toute époque et de toute langue. Et le plus beau monument que lui ait élevé la Bibliothèque nationale est sans aucun doute le catalogue en deux volumes, L'Œuvre imprimé de Voltaire à la Bibliothèque Nationale, 1978, tomes 214, I-II du Catalogue général des livres imprimés, catalogue dont aucun autre auteur n'occupe même un seul volume. Il est établi sous la direction de Marie-Laure Chastang et Hélène Frémont, avec une introduction par René Pomeau qui illustre magnifiquement l'évolution du phénomène éditorial Voltaire du XVIIIe au XXe siècle. Le nombre, l'importance et la complexité de publication des œuvres de Voltaire ont amené les rédacteurs de ces notices à décrire les éditions successives de chacune des ouvrages en tenant compte de l'étude des papiers, des préfaces, des avis et des cartons – auxquels les éditeurs du philosophe furent si souvent contraints d'avoir recours –, comme des ex-libris, des annotations éventuelles, des lettres jointes et, bien sûr, des gravures, des dessins et des reliures, parfois somptueuses. Les 5 168 notices, complétées par des bibliographies et par sept index, témoignent de la qualité de cet ensemble unique. Il doit beaucoup aux collections constituées par deux grands voltairiens et données à la Bibliothèque, en 1869 pour celle d'Adrien-Jean-Quentin Beuchot (1777-1851), l'éditeur des Œuvres complètes de Voltaire de 1829-1834 ; en 1929 pour celle du célèbre bibliographe Georges Bengesco (1848-1922), soit respectivement environ 2 000 volumes du fonds Z. Beuchot et 1 000 volumes du fonds Z. Bengesco, conservés au département de la Réserve des Livres rares.
Désormais conservé sur le site François-Mitterrand, le fonds imprimé Voltaire a profité de la dynamique engendrée par la création de la Bibliothèque nationale de France, avec une politique d'acquisition à deux niveaux : combler les lacunes dans le fonds existant et développer la consultation en libre accès. La Réserve des Livres rares a acquis une dizaine d'éditions des XVIIIe et XIXe siècles, dont une édition bilingue français-suédois de La Mort de César (1764) et l'un des deux exemplaires connus ne portant pas les cartons exigés par Catherine II des Lettres de l'impératrice de Russie et de M. de Voltaire, tome 67 de l'édition de Kehl (1784).
En octobre 2012, le catalogue général de la BnF, accessible en ligne sur www.bnf.fr, propose 7508 notices Voltaire. 627 ouvrages sont numérisés dans Gallica, auxquels s'ajoutent les ouvrages d'Helvétius, De l'Esprit et de Rousseau, Lettre à M. de Beaumont, annotés par Voltaire, provenant de la bibliothèque de Voltaire à Saint-Pétersbourg, numérisés et consultables sur les sites de la Bibliothèque nationale de Russie et de la Bibliothèque nationale de France.
Quant au département des Manuscrits, il offre au XXIe siècle la plus importante réunion de manuscrits et de lettres de Voltaire. S'il est vrai que l'écrivain se souciait peu de ses manuscrits – hormis les quelques copies adressées à des protecteurs ou présentées pour désavouer des éditions pirates –, la prolifération des copies avant ou après impression circulant sous le manteau, les multiples fragments autographes retrouvés, brouillons ou mises au net, les carnets de notes et la documentation accumulée, tous ces documents qu'Andrew Brown a recensés dans les Studies on Voltaire en 1970, constituent une masse impressionnante dont le département possède un bon quart. Quelque 8000 lettres de Voltaire, autographes, minutes ou copies, figurent dans nos collections, dont à peu près 500 à la Bibliothèque de l'Arsenal, sur les quelque 24 000 recensées en 1976 dans le tome L de la correspondance de l'édition Besterman.
Les collections de Louis-Nicolas de Cayrol (1775-1859) et de Seymour de Ricci (1881-1942) en sont les fleurons. Acquise en 1860 par la Bibliothèque impériale, la première comprend, en 87 recueils de la série des Nouvelles acquisitions françaises, une abondante correspondance jointe aux matériaux éditoriaux réunis par ce collaborateur de Beuchot, qui publia également deux volumes de lettres inédites de Voltaire en 1856. Donnée en 1935 à la Bibliothèque nationale par celui qui fut un de ses grands mécènes, la seconde, en vingt forts volumes des Nouvelles acquisitions françaises, est riche de près de 2 000 lettres et des manuscrits inconnus qu'il avait traqués sa vie durant chez les libraires et en ventes publiques. Magistralement présentée et analysée par Ira O. Wade, – qui publia également de nombreux autres documents encore inédits du Département (The Search for a new Voltaire, 1958) –, la collection Seymour de Ricci ouvrit la voie au renouveau des études voltairiennes. C'est là que se trouvent les deux brûlots qui inquiétèrent tant Frédéric II et Catherine II, les Mémoires de Voltaire sur son séjour en Prusse, copie de Jean-Louis Wagnière, poursuivie pour les dernières pages par le philosophe en juin 1759 et, avec les minutes de ses réponses, une bonne partie des lettres de l'impératrice. Ce sont ses lettres que Catherine II espérait tant trouver parmi les papiers achetés à Madame Denis en 1779. Parmi les 43 volumes de manuscrits et papiers éditoriaux du fonds Rés. Z. Beuchot, versés au département des Manuscrits en 1965, il faut signaler les Lettres sur la Nouvelle Héloïse. Voltaire publia en 1761 sous le nom du marquis de Ximenès, copie en partie de Wagnière, avec des corrections autographes de Voltaire et une note de la main du pseudo-auteur, Ximenès, des écrits personnels, autographes ou copies, de Wagnière, et les manuscrits de plusieurs autres des premiers biographes de Voltaire, comme l'abbé Duvernet, Antoine Sérieys, Sébastien Longchamp. Après l'achat de nouveaux documents concernant Nicolas Ruault, Beaumarchais et l'édition de Kehl, le Département vient d'acquérir 180 lettres inédites de Voltaire, correspondance familiale de 1737 à 1778, apport majeur sur les années à Cirey (138 lettres à Madame Denis de 1737 à 1744).
L'abondance des fonds historiques et littéraires du XVIIIe siècle conservés au département des Manuscrits permet de suivre la trace de Voltaire aussi bien dans les papiers de son ami le chancelier Malesherbes, directeur de la Librairie, que dans la volumineuse collection des Joly de Fleury, père et fils, procureur général et avocat général au Parlement de Paris, contre lesquels le philosophe ne manquait pas une occasion d'exercer sa vindicte. Dans le fabuleux ensemble de manuscrits autographes et de copies du fonds Diderot-Vandeul entré à la Bibliothèque nationale en 1951, figure une copie annotée de plusieurs mains des Mémoires de Voltaire... Ainsi tout voltairien trouve à la Bibliothèque nationale de France un terrain de recherche illimité. Toutes les grandes expositions sur les Lumières ont célébré Voltaire en présentant des documents appartenant aux collections de l’établissement.
La Bibliothèque nationale de France abrite, depuis 1864, le cœur de Voltaire. Dans le salon d'honneur du site Richelieu, où la Bibliothèque royale s'était installée au XVIIIe siècle, les hôtes sont accueillis par le plâtre original du "Voltaire assis" de Houdon (1781). Sur le socle de la statue, on peut lire cette inscription: "Cœur de Voltaire donné par les héritiers du marquis de Villette". Il fut même question, alors, de consacrer une salle de la Bibliothèque à Voltaire et à son œuvre. Avant de revendre Ferney, dès 1785, le léger marquis de Villette avait fait mettre sur la porte de la chambre de Voltaire où se trouvait le "mausolée" du cœur de Voltaire, érigé par Racle, la phrase suivante : "Son esprit est partout et son cœur est ici".
D'après Annie Angremy, conservateur général honoraire à la Bibliothèque nationale de France, ancienne responsable de la section française du département des Manuscrits.
Chronologie
1694
Naissance à Paris de François-Marie Arouet dans une famille de bonne bourgeoisie. Son père est notaire royal au Châtelet.
Première édition du Dictionnaire de l'Académie Française.
Leibniz, Système nouveau de la nature.
1697
Bayle, Dictionnaire historique et critique.
1699
Fénelon, Les Aventures de Télémaque.
1700
Avènement de Philippe V, petit-fils de Louis XIV, sur le trône d'Espagne.
Locke, Essai sur l'entendement humain. Swift, Conte du tonneau. Newton, Traité d'optique.
1704
Élève des Jésuites au Collège Louis-le-Grand jusqu'en 1711.
Ninon de Lenclos lui lègue 1000 F.
1705
Crébillon, Idoménée.
1706
Naissance d'Émilie Le Tonnelier de Breteuil, future marquise du Châtelet.
1710
Leibniz, Théodicée.
1711
Arouet commence des études de droit.
1713
Paix d'Utrecht qui marque la fin de l'hégémonie politique de la France.
Arouet accompagne l'ambassadeur de France comme secrétaire à La Haye.
1715
Mort de Louis XIV. Régence du duc d'Orléans.
Arouet fréquente la société du Temple et de la cour de Sceaux jusqu'en 1717.
1716
Exil à Sully-sur-Loire à cause de vers satiriques contre le Régent.
1717
Emprisonné à la Bastille pour des poèmes satiriques contre le Régent, Arouet commence La Henriade, épopée à la gloire d'Henri IV
Galland traduit Les Mille et une nuits.
1718
Premier succès : sa tragédie Œdipe est représentée au Théâtre-Français. Arouet prend le nom de Voltaire.
1721
Faillite de la Banque Law dont Voltaire tire profit.
Montesquieu, Lettres persanes.
Mort de Watteau.
1722
Séjour à Bruxelles, La Haye et Amsterdam.
1723
Mort du Régent. Début du règne personnel de Louis XV.
Publication de La Henriade.
1726
Voltaire est roué de coups à la suite d'une insolence à l'encontre du chevalier de Rohan. De nouveau embastillé, il s'exile en Angleterre jusqu'en 1728.
1727
Mort de Newton, solennellement enterré à Westminster.
1730
Représentation de Brutus, tragédie imitée de Shakespeare.
Marivaux, Le Jeu de l'amour et du hasard.
1731
Histoire de Charles XII.
L'abbé Prévost, Manon Lescaut.
1732
Triomphe de Zaïre à la Comédie-Française.
Première édition des Œuvres complètes
1733
Première édition, en anglais, des Lettres philosophiques.
Début de sa liaison avec Madame du Châtelet.
1734
Lettres philosophiques. Voltaire y prône les avantages de la vie politique et culturelle anglaise (monarchie constitutionnelle, tolérance religieuse, noblesse commerçante).
1736-1737
Séjour en Hollande.
1738
Éléments de la philosophie de Newton.
Le Traité de Vienne met fin à la guerre de succession de Pologne. Le roi Stanislas Leszczynski, beau-père de Louis XV, se voit attribuer la Lorraine et le Barrois, érigés en royaume pour l'occasion.
1739
Séjour à Bruxelles avec Madame Du Châtelet.
1740
Voyage à La Haye. Première rencontre, à Clèves, de Voltaire et de Frédéric II, qui vient de monter sur le trône de Prusse. Mission diplomatique à Berlin, renouvelée en 1742, puis en 1743.
Voltaire se fait l'éditeur de l'Anti-Machiavel de Frédéric II.
Guerre de succession d'Autriche (1740-1748) opposant France, Autriche, Prusse, Espagne d'un côté, et Angleterre, Hollande et Russie de l'autre.
1743
Mission secrète en Hollande.
1745
Victoire française à Fontenoy, célébrée par Voltaire, nommé historiographe de France.
Liaison de Louis XV avec la marquise de Pompadour qui s'installe officiellement à Versailles et durant 20 ans prend une part active à la vie politique et culturelle de la France.
1746
Élection de Voltaire à l'Académie française.
1747
Première édition de Memnon (qui deviendra Zadig ou la Destinée, histoire orientale).
1748
Séjour de Voltaire à Lunéville, à la cour du roi Stanislas.
Montesquieu, De l'Esprit des lois. La Mettrie, L'Homme machine.
Paix d'Aix-la-Chapelle.
1749
Mort de madame Du Châtelet
Buffon, début de l'Histoire naturelle. Diderot, Lettre sur les aveugles.
1750
Rousseau, Discours sur les sciences et les arts
1751
Le Siècle de Louis XIV
D'Alembert et Diderot commencent la publication de l'Encyclopédie, terminée en 1780. Montesquieu, Voltaire, Rousseau, Buffon, Quesnay, Turgot… la plupart des écrivains et savants de l'époque contribuent à sa rédaction.
1752
Diatribe du Docteur Akakia
1753
Après sa rupture avec Frédéric II, Voltaire séjourne en terre germanique (Leipzig, Francfort, Mayence, Mannheim) puis en Alsace (Strasbourg, Colmar).
1755
La Pucelle d'Orléans, poème héroï-comique.
Achat des Délices, près de Genève.
Rousseau, Discours sur l'origine de l'inégalité
Tremblement de terre à Lisbonne. Le désastre provoquera un débat dans toute l’Europe sur la providence divine et inspirera en partie le conte.
1756
Poème sur la destruction de Lisbonne, inspiré par le tremblement de terre de 1755.
Essai sur l'histoire générale, sur les mœurs et l'esprit des nations, depuis Charlemagne jusqu'à nos jours.
Début de la guerre de Sept Ans (1756-1763) qui voit s'opposer principalement la France alliée à l'Autriche contre la Prusse alliée à l'Angleterre.
1758
Helvétius, De l'Esprit.
1759
Achat du domaine de Ferney, en Suisse, où Voltaire s'installe en 1760.
Publication de Candide ou l'Optimisme. L'ouvrage est condamné par Paris et Genève.
L'Encyclopédie est condamnée par le parlement de Paris et mise à l'Index par le pape.
1761
Rousseau, La Nouvelle Héloïse.
1762
Début de l'affaire Calas.
Rousseau, Le Contrat Social ; Émile ou de l'Éducation.
Prise du pouvoir par Catherine II de Russie.
1763
Traité sur la tolérance, publié à l'occasion de la mort de Calas.
Le Traité de Paris met fin à la guerre de Sept Ans avec pour conséquence le déclin de l'empire colonial français et le début de la prépondérance coloniale anglaise.
1764
Dictionnaire philosophique portatif.
Le Sentiment des citoyens, écrit publié anonymement contre Jean-Jacques Rousseau.
1765
La Philosophie de l'Histoire.
Réhabilitation de Calas. Début de l'affaire Sirven.
1766
Supplice du chevalier de La Barre, condamné pour impiété, dont Voltaire prend la défense.
Voltaire fait appel aux ouvriers-horlogers de Genève et monte sa propre fabrique.
1767
L'Ingénu.
Quesnay, La Physiocratie.
Révision du procès Sirven.
1770
D'Holbach, Le Système de la nature.
1771
Acquittement de Sirven. Réorganisation radicale de l'administration judiciaire. Exil des Parlements par Maupeou.
Bougainville, Voyage autour du monde.
1772
Helvétius, De l'Homme.
Diderot, Jacques le Fataliste.
1774
Mort de Louis XV. Avènement de Louis XVI. Rappel des Parlements.
1775
Beaumarchais, Le Barbier de Séville.
Guerre des farines. Le prix du pain monte à la suite d'une mauvaise récolte. Des bandes armées pillent les boulangeries de Paris et de Versailles.
1776
Publication de La Bible enfin expliquée.
Renvoi de Turgot. Ministère de Necker.
Début de la Guerre d’indépendance américaine (1776-1781)
1778
Voltaire quitte Ferney pour rejoindre Paris, où il n'est pas revenu depuis 1750. Triomphe à la Comédie-Française. Mort le 30 mai de Voltaire, enterré clandestinement dans l'abbaye de Seillières.
Rousseau, Les Rêveries d'un promeneur solitaire.
Alliance française avec les États-Unis d'Amérique.
1783
Traité de Versailles qui consacre l'indépendance des États-Unis.
1789
Convocation des États Généraux. Prise de la Bastille. Abolition des privilèges. Déclaration des Droits de l’homme.
1791
Transfert du corps de Voltaire au Panthéon.